A quelques encablures de la retraite, cet éleveur bovin de Verges dans le Jura n’a qu’un regret : ne pas avoir fait appel au photovoltaïque plus tôt. Une garantie de revenus dans un monde agricole qui – touché par les crises successives – en manque cruellement.
Il se dit lui-même « une bonne référence locale ». Dominique Chalumeaux, 63 printemps, se prête sans se faire prier au jeu du question/réponse mais sa voix porte une vraie sincérité quand il s’agit de conter son aventure « photovoltaïque » avec Triangle Energie. « Que du positif », dit-il, une grosse année après la mise en service de sa centrale de 100 kwc posée sur son bâtiment Triangle de 689 m² (16,40 x 42 m) dont la toiture Sud, deux-tiers de la charpente, regarde le soleil bien en face. « Je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt et de ne pas en avoir fait plus », martèle l’éleveur, trouvant sur le tard – à deux doigts d’une retraite qu’il pourra prendre l’esprit plus tranquille – une parade aux maux pluriels de l’agriculture.
Ce sont ses responsabilités – douze années à la tête de la Chambre d’agriculture du Jura et impliqué comme peu dans le combat syndical – qui ont repoussé un projet qui sonne chez ce partisan du renouvelable comme une évidence. Pas le temps et pourtant… Quand il l’a trouvé, en mal d’espace pour les bêtes du GAEC de la Rochette qu’il défend avec son jeune associé, Sébastien Gabas, ses certitudes se sont transformées en garanties. « Dans nos métiers, souffle-t-il, inquiet, on n’a aucune production dont on garantit un volume et un prix. Avec le photovoltaïque, une sorte de production végétale, de photosynthèse c’est pareil, le calcul de rentabilité est facile à faire ; dans l’agriculture tout peut être balayé par les conjonctures, sanitaire, économique, climatique. » L’actualité ne le dément pas…
Enfin des garanties !
Paradoxalement, le réchauffement climatique dérègle tout, complique davantage le travail de la terre, mais – aujourd’hui – c’est le soleil qui offre les meilleures garanties à l’exploitation. « Dans notre schéma de production bovine, le banquier ne prêtera pas alors que, là, il se sent très en sécurité, note Dominique Chalumeaux. L’investissement est important, certes, mais la vente d’électricité l’amorti en dix ans. »
La lecture de son tableur de rentabilité suffit à comprendre : en 20 ans, à raison d’une production annuelle de 120 000 kw/h (« légèrement au-dessus de l’estimation Triangle en 2020 »), le soleil aura généré quelque 16 000 € en plus de l’investissement : 180 000 €, bâtiment, centrale et raccordement (13 500 €) compris.
Autant dire que Dominique Chalumeaux voit d’un œil approbateur la probable refonte de l’obligation d’achat (jusqu’à 500 kw contre 100 aujourd’hui). « Une très bonne chose, il aurait fallu faciliter les choses depuis longtemps, regrette-t-il. On a tous des hectares de mauvaise terre, on devrait pouvoir mettre des panneaux, ça serait une garantie intégrée à l’exploitation », poursuit Dominique, pas peu fier d’alimenter en électricité les deux-tiers du village. Et bientôt plus puisque la deuxième tranche du projet verra la pose d’un deuxième « 100 kwc » qui amortira largement la rénovation des toits en bac-acier.
Décidément, exceptée une mise en service tardive, « un faux-départ », l’expérience « Triangle » – dont il apprécie particulièrement la double-compétence et l’accompagnement tout au long du projet – a été un coup parfait. Il paraît que les bêtes de Dominique, qui ont gagné en espace vital (c’était aussi l’objectif) sont d’accord.
Le GAEC de la Rochette
Dominique Chalumeaux et son associé, un jeune du village qui rêvait d’élevage, sont producteurs bovins en races Salers (un tier) et Aubrac (deux tiers). Avec un troupeau de 250 têtes, dont cent mères nourrices et autant de veaux – le GAEC de la Rochette est producteur de bétail maigre. Par ailleurs, il dédie une dizaine de bêtes à la production locale par la vente de caissettes de 10 kg. Il est donc équipé d’un laboratoire pour la découpe et fait appel à un abattoir situé à 10 km. Quarante vaches occupent aujourd’hui le bâtiment neuf Triangle, le reste étant réparti dans deux autres bâtiments existants.
Christophe Castieau
Journaliste pendant 18 ans (carte de presse n° 94716), Christophe Castieau a fait le tour de tous les terrains. Rédacteur en chef adjoint de la Marseillaise, il a couvert trois élections présidentielles et s’est fait une spécialité des sujets de société. Il s’est naturellement tourné vers tout ce qui touche à la Transition énergétique. Sa reconversion comme technico-commercial à Triangle Énergie – pour qui il écrit aussi – s’apparente à une suite logique