Le recyclage des panneaux solaires photovoltaïques en fin de vie s’est organisé ces dernières années comme une véritable filière à part entière. Explications.
La durabilité des panneaux photovoltaïques en augmentation
C’est sans aucun doute la question qui revient le plus souvent : « Qu’advient-il des panneaux photovoltaïques après leur mort ? » Les technico-commerciaux qui vendent des centrales photovoltaïques le confirment tous : les clients – qui véhiculent beaucoup d’idées reçues – sont particulièrement intrigués par la question du recyclage. « L’ambition de la filière photovoltaïque est vraiment d’être exemplaire en matière environnementale et, notamment, en matière de recyclage, qui est l’une des grandes questions que se posent les consommateurs », répond indirectement Nicolas Defrenne, directeur général de PV Cycle France, le bras armé de Veolia qui a remporté le marché du recyclage des panneaux. Aujourd’hui, plus de 95% d’un panneau est recyclé alors que le gisement mondial de panneaux photovoltaïques en fin de vie atteindra plusieurs dizaines de millions de tonnes en 2050.
« Je n’ai pas envie de me retrouver dans 20 ans avec une montagne de panneaux cassés sur mon terrain », explique Laurent Derrouch, client lozérien de Triangle Energie, qui vient de lancer sa demande de permis pour un bâtiment et une centrale photovoltaïque de 100 kw, soit près de 600 m² de panneaux. Première idée reçue : la durée de vie d’un panneau serait de 25 ans maximum. En réalité, sans dégât climatique de type gros orage de grêle, elle atteint largement les 45 ans et ne cesse d’augmenter.
Pour autant, avec plus de 2400 tonnes de panneaux en fin de vie collectés en 2017 en France, et avec des marges de progression de 30 à 40% par an, leur recyclage est un véritable enjeu pour l’environnement. C’est PV Cycle, éco-organisme à but non lucratif, qui en assure la collecte et l’acheminement vers la première usine européenne entièrement dédiée au recyclage des panneaux solaires. Inaugurée par Véolia en juillet 2018, à Rousset dans les Bouches-du-Rhône, « elle démontre l’excellence française en matière d’innovation et de traitement des déchets, notait Bernard Harambillet. Une expertise qui, à l’avenir, pourra être dupliquée dans de nouvelles géographie », assurait alors le directeur général de l’activité Recyclage et valorisation des déchets de Veolia France.
Les étapes du recyclage
A son arrivée en usine, le panneau est décadré. Sont ainsi retirés simultanément le cadre en aluminium, le boitier de connectique et les câbles. Reste un panneau de verre et de métaux qui est débité en petites tablettes. Lesquelles sont traitées selon différentes techniques. En tout, ce sont près de dix fractions (les matières qui composent le panneau) qui sont générées : 65 à 70% de verre – qui ressort pur et avec le statut de marchandise (il n’est plus un déchet) -, 10% de plastique et environ 15% de silicium et métaux. « Rousset est le premier site d’une nouvelle filière spécifiquement dédiée au recyclage des panneaux photovoltaïques », se félicite Bernard Harambillet.
De leur côté, les producteurs d’Equipement électriques et électroniques (EEE) sont tenus – par directive européenne et décret français *- solidairement d’assurer le devenir de leurs produits lorsque ces derniers arrivent en fin de vie. Qu’ils soient fabricants, revendeurs, importateurs eu vendeurs en ligne, tous sont solidairement responsables de la collecte et du traitement des équipement usagés. Ils doivent notamment être enregistrés par leur éco-organisme (type PV Cycle) au registre national des producteurs tenu par l’Ademe (Agence de transition écologique) et ont l’obligation d’informer les acheteurs, consommateurs et opérateurs de traitement sur la fin de vie des équipements. Ils doivent également afficher sur leurs produits et factures leur éco-participation, signifiant que le recyclage de chaque panneau (numéroté) est payé dès sa sortie d’usine. Enfin, le symbole de la poubelle barrée indique que le panneau doit faire l’objet d’une collecte séparée.
Bref, si des abus et autres mauvais comportements ont pu être commis plusieurs années en arrière, d’où l’inquiétude des clients, la filière photovoltaïque a fait le grand ménage depuis.
Christophe Castieau
Journaliste pendant 18 ans (carte de presse n° 94716), Christophe Castieau a fait le tour de tous les terrains. Rédacteur en chef adjoint de la Marseillaise, il a couvert trois élections présidentielles et s’est fait une spécialité des sujets de société. Il s’est naturellement tourné vers tout ce qui touche à la Transition énergétique. Sa reconversion comme technico-commercial à Triangle énergie – pour qui il écrit aussi – s’apparente à une suite logique
- La directive 2012/19/UE relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), transposée en droit français au travers du décret n° 2014-928 étend le principe de la Responsabilité élargie du producteur (REP) aux panneaux photovoltaïques.